Cameroun

Ces deux structures étatiques, dont l’une chargée de certifier l’authenticité et la qualité des produits avant embarquement à destination du Cameroun, l’ANOR et l’autre, de la manutention des cargaisons, la RTC, ont multiplié les embuscades contre les produits de l’opérateur économique en vue de tuer son entreprise et déclarer des millions de tonnes de poissons impropres à la consommation. Enquête exclusive au cœur d’un système qui tente de noircir la réputation d’une entreprise qui compte plus de 30 ans d’expérience, et de déstabiliser une filière au détriment des consommateurs.

 

Port autonome de Douala (PAD), le 2 août 2023. Le navire MSC RIONA est interdit par la Régie du Terminal à Containers du Port de la ville éponyme de débarquer une cargaison de 57 containers de poissons en provenance de Lomé. Une descente des forces de la gendarmerie, de la police et des responsables régionaux des ministères de l’Elevage, de la Santé publique, ainsi que ceux du PAD viennent à la rescousse de la RTC. Objectif faire constater à l’opinion l’état de putréfaction des marchandises importées par CONGELCAM et leur dangerosité sur la population.

Enlèvement sous-palan

En fait, il se trouve que depuis le curieux non branchement de 432 containers de la société CONGELCAM du Cameroun au PAD par les équipes conduites par le directeur délégué de la RTC, Dieudonné Onana Ndoh, l’homme d’affaires a fait stationner plus de 400 containers de poissons à destination du Cameroun au port de Lomé. Pour éviter tout problème avec ses marchandises et de nouvelles pertes, il a conclu une livraison sous palan avec le transporteur. «C’est un mode de livraison par lequel, au chargement d’une marchandise sur le quai, le navire prend à son compte les frais et les risques de mise à bord; et au déchargement, le même transporteur (navire) supporte les seuls frais de désarrimage (sous-palan à bord), ou tous les frais de mise à quai (sous-palan du navire à quai) », explique un expert en économie maritime. Du coup, la RTC ne peut plus s’occuper de la manutention des cargaisons de poissons CONGELCAM.

 

Cameroun

Onanah Ndoh, Directeur délégué de la Régie du terminal à conteneurs (RTC) du Port de Douala-Bonaberi

 

Ce 02 août donc, la RTC est prise de court par le fait qu’elle est esquivée pour les formalités de débarquement de la cargaison au port. En plus d’appeler les renforts cités plus haut, elle informe également l’Agence des normes et de la qualité (ANOR), qui se charge du contrôle avant embarquement des marchandises à destination du Cameroun dans les ports d’embarquement au travers du Programme d’évaluation de la conformité avant embarquement (PECAE). Selon des sources portuaires, les 57 containers font partie des dernières inventions de la RTC pour empêcher l’importateur de faire du sous palan.

Allégations et accusations gratuites

Et l’ANOR, selon des sources au PAD, va saisir l’importateur pour dénoncer le contournement du PECAE. «En fait, ce qui était curieux c’est que l’ANOR accusait CONGELCAM dans sa correspondance de ne pas respecter les dispositions du PECAE entre janvier et le 11 juillet 2023 », renseigne sous anonymat un cadre des services phytosanitaires du PAD. Notre source indique par ailleurs que l’ANOR, sans apporter la preuve de ses allégations, allègue de ce que sur 754 expéditions contenant plus de 3600 containers, seules 135 contenant près de 570 containers, soit 18%, ont suivi avec succès le programme de conformité avant embarquement.

 

CONGELCAM, grand importateur de produits congelés du Cameroun

 

À la Douane, les responsables sont formels. La sortie de l’Agence des normes et de la qualité est inopportune et crée la confusion dans la mesure où c’est elle qui effectue le contrôle avec la Société Générale de Surveillance (SGS) dans les ports d’embarquement. «Cela n’est pas conforme à la réalité ; dire que entre janvier et le 11 juillet 2023, CONGELCAM n’a pas respecté les normes en matière d’entrée et de sortie des marchandises importées au port de Douala est irrespectueux, voire même insultant tant pour la Douane que pour les autres acteurs de la chaîne de contrôle ses importations dont fait partie l’ANOR elle-même. Parce que son cachet est apposé sur chaque document exigé, tant les attestations de conformité que les certificats de conformité délivrés en ligne par la SGS et l’Anor elle-même. Du coup, dire que seuls 135 expéditions sur 754 ont fait l’objet de conformité, c’est insulter notre travail ici à la Douane parce que c’est nous qui sommes le dernier rempart dans la sortie d’une marchandise au port de Douala», déclare avec rage, une source au secteur des Douanes du Littoral I.

 

Charles Booto A Ngon, Directeur Général de l’Agence des Normes et de la Qualité(ANOR)

Cargaisons conformes

En réalité, explique ce haut cadre, l’inspection avant embarquement de tous les produits importés pour le marché camerounais, se fait en amont par la SGS pour le compte de l’ANOR; c’est elle qui délivre les attestions de conformité qui portent  également  le cachet de l’ANOR. À la sortie des marchandises, l’importateur produit cette fois à la douane, un certificat de conformité toujours délivré par la SGS et l’Anor en ligne ; pas besoin de document physique. Ces différents documents, assure le douanier, sont délivrés à tous les acteurs de la chaîne d’importation : fournisseurs, importateurs, SGS, Douane et Anor. «La production des documents dématérialisés permet la célérité dans le commerce international. Et ni la SGS, ni la Douane, n’ont besoin de certificats, d’attestations physiques pour autoriser la sortie des marchandises », souligne-t-il.

Pour beaucoup d’observateurs de l’activité portuaire, la sortie de l’ANOR tente  de faire croire que le poisson de CONGELCAM est impropre à la consommation. Une posture que tentera également de prendre le Dg du PAD. Ce dernier laisse effectivement croire que l’importateur importe du poisson pourri au Cameroun alors que selon les services phytosanitaires, rien ne permet de déclarer que ses cargaisons sont impropres et avariées encore moins qu’elle abandonne souvent les cargaisons au port.

30 ans d’expérience

De fait, affirment des sources proches des milieux portuaires et douaniers, avec plus de 30 ans d’exercice, la société CONGELCAM n’a jamais abandonné le moindre container au PAD ; tout comme aucun contrôle inopiné dans ses entrepôts n’a jamais révélé l’existence de produits avariés. Au ministère de l’Elevage, l’on se souvient encore aujourd’hui, que c’est la société CONGELCAM qui a sollicité les inspections préalables de ces cargaisons, contre la volonté des responsables du PAD.

Sylvestre Ngouchinghe

Sylvestre Ngouchinghe, Homme d’Affaires, PDG de CONGELCAM

En fait, l’importateur ayant constaté un grand nombre d’avaries au début des enlèvements, il s’est aussitôt abstenu d’enlever ses produits. Il va tout de suite exiger qu’une inspection préalable soit effectuée sur tous les containers. Ce à quoi la RTC va opposer une fin de non-recevoir inexpliquée. Et c’est ce refus qui va prolonger le séjour des containers sur les quais de la RTC», témoigne sous anonymat un cadre du secteur des Douanes. Qui poursuit : «Ces produits ne font l’objet d’aucun contentieux avec la douane, tous ayant été déclarés et payés dans les délais légaux auprès de l’administration douanière». Et, après les premiers enlèvements, et ayant constaté des avaries dans ses entrepôts, les autorités compétentes ont été saisies par l’entreprise afin d’éviter toute polémique sur ses produits.

Honte

Sur le cas des 57 containers que l’entreprise a fait convoyé sous palan et que la RTC a tenté de bloquer au motif qu’ils contenaient du poisson pourri, l’homme d’affaires leur a opposé les dispositions pertinentes du droit maritime. Et par là, la RTC qui venait ainsi d’étaler et d’exposer les véritables commanditaires du complot contre l’opérateur économique, va battre en retraite toute honte bue. Au grand étonnement des forces de sécurité et du maintien de l’ordre, gênées aux entournures par cette humiliation.

 

NGO’O Cyrus, Directeur Général du Port autonome de Douala

 

Congelcam obtiendra finalement le débarquement des containers en question puisque sur le plan du droit, lorsqu’une marchandise entre sous palan au Port, la RTC n’a rien à y voir. Les containers  vont directement dans le parc de la société. Le service vétérinaire effectue des contrôles rigoureux et libère la cargaison. «La RTC a eu l’humiliation de sa vie puisque les containers ont étés déclarés bons sauf un qui avait eu une rupture de froid dans le bateau. Et là-dessus, le transporteur doit dédommager l’importateur selon la réglementation maritime internationale», révèle une source du service de l’inspection phytosanitaire.

La boucle du complot

Mais, humiliée, la RTC ne va pas se laisser compter. Elle va multiplier les stratagèmes pour faire tomber l’opérateur économique qui écoule pas moins de 500 tonnes de poissons par jour sur l’ensemble du pays. Car, selon des sources crédibles, la clique des commanditaires de ce complot est sur le point d’échafauder un plan à la Sébastien Adjavon, du nom de cet homme politique béninois piégé par le système Talon et à qui on avait imputé l’importation d’une cargaison de drogue.

De là à ce que ces derniers accusent Sylvestre Ngouchingue des torts similaires ou même plus graves comme le trafic d’armes, il n’y a qu’un pas à franchir. Dès lors, les plus hautes autorités sont interpellées afin de protéger ce  créateur de richesses qui se tient aux côtés du président de la République pour donner du relief à au combat contre la vie chère. Le Premier ministre devrait lui aussi mettre un terme à cette cabale contre un honnête contributeur au fisc afin que les ménages et l’Etat ne trinquent pas.  Car, tenter d’affamer le pays ou le priver de poissons frais importé dans un contexte économique difficile, c’est attenter à l’intégrité du territoire et vouloir déstabiliser les institutions par une grogne sociale à la manière des émeutes de la faim de 2008.■

 

Elizabeth Mercier

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Presse 1026