Royaume du Bénin

Entre le XIe et le XIXe siècle, au cœur de la forêt, le peuple Edo a bâti au Nigéria une civilisation d’une richesse exceptionnelle. Ce royaume, l’un des plus prestigieux d’Afrique, s’est distingué par son organisation politique avancée, son art raffiné et son influence culturelle durable.

Aux origines

La plus ancienne civilisation ayant émergé sur le territoire actuel du Nigéria est la civilisation Nok. Située au centre du pays, elle s’est épanouie entre 1000 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., à l’époque des Pharaons. Nok a produit un travail du fer remarquable et des sculptures en terre cuite d’une sophistication avancée.

Les sculptures en terre cuite de la civilisation Nok, première civilisation de l’histoire du Nigéria.

C’est sur ce socle culturel que se sont installés des migrants venus d’Égypte, notamment les Yoruba. Ces derniers, en intégrant les influences nilotiques et les traditions locales, ont fondé plusieurs cités-États, dont Ilé-Ifé, leur capitale religieuse et ville sainte. C’est d’Ifé qu’est parti le monarque qui a jeté les bases du Royaume du Bénin.

Les sculptures hyperréalistes d’Ifé et la naissance du royaume

Le sud-est d’Ifé voit émerger, dès le XIe siècle, un État dirigé par la dynastie des Ogiso. Cependant, au XIIe siècle, une révolte populaire pousse les habitants à demander un nouveau roi à Ifé. Oranmiyan, un prince légendaire d’Ifé, répond à cet appel, mais il retourne plus tard dans sa ville natale, laissant derrière lui son épouse Erimwindé, enceinte. Leur fils Ewéka devient le deuxième Oba (roi) du Bénin.

Au XIIIe siècle, l’Oba Oguola renforce le pouvoir central en érigeant d’imposantes fortifications et en introduisant l’art du bronze dans le royaume. Cette tradition artistique va atteindre son apogée sous le règne d’Oba Ewuaré.

Oba Ewuaré : le bâtisseur du Bénin

Vers 1440, Ewuaré monte sur le trône et transforme radicalement le royaume. Médecin, stratège et administrateur hors pair, il conquiert plus de 200 villes et villages, étendant le territoire de Bénin sur près de 90 000 km². Son règne marque un tournant dans l’histoire du royaume, notamment par l’expansion des fortifications et le développement des infrastructures urbaines.

Sous son impulsion, des sculpteurs sur ivoire et sur bois sont invités d’Ifé, donnant naissance à un art sculptural inégalé. Le nom du royaume devient « Edo », en hommage au serviteur du roi qui lui sauva la vie. Quant à l’appellation « Bénin », elle serait une déformation du mot « Bini » ou « Ubini » par les Portugais.

Une organisation politique unique

L’Oba du Bénin incarne à la fois le chef spirituel et politique du royaume. Contrairement à d’autres systèmes africains où le roi est issu de la femme la plus influente de la famille royale, l’Oba est choisi parmi les fils aînés du souverain défunt. La reine-mère occupe néanmoins une place de premier plan, aucun décret royal ne pouvant être promulgué sans son accord.

 

On voit la qualité absolument exceptionnelle des sculptures sur ces représentations d’un Oba et son épouse

L’État centralisé du Bénin repose sur une administration efficace, un puissant conseil de notables et une armée redoutable. Cette dernière, composée de guerriers bien entraînés et équipés d’armes sophistiquées, pouvait mobiliser jusqu’à 100 000 soldats. L’usage d’armes en fer, de flèches empoisonnées et de tactiques de guerre avancées faisait de l’armée béninoise une force respectée et crainte.

L’économie était florissante grâce à la nationalisation des grands secteurs économiques, au commerce structuré et à un système monétaire organisé. Le royaume commerçait avec d’autres États africains, ainsi qu’avec des marchands européens venus chercher de l’ivoire, du poivre et des œuvres d’art exceptionnelles.

Une architecture et un urbanisme impressionnants

Les fortifications de Bénin comptent parmi les plus impressionnantes de l’histoire préindustrielle. Érigées entre le XIVe et le XVe siècle, elles s’étendaient sur 16 000 km et entouraient une superficie de 6 500 km². Ces ouvrages colossaux ont nécessité 100 fois plus de matériaux que la grande pyramide de Khéops et étaient quatre fois plus longs que la Grande Muraille de Chine.

La capitale, construite selon des principes mathématiques avancés, possédait des rues rectilignes et pavées, des palais somptueux et des infrastructures sophistiquées. Des témoignages européens du XVIIe siècle décrivent une ville plus vaste que Lisbonne, où le vol était inexistant et la propreté exemplaire.

Un art sculptural d’exception

L’art du Bénin est mondialement reconnu pour la qualité exceptionnelle de ses sculptures en bronze, en laiton, en bois et en ivoire. Les plaques de bronze illustrant la cour royale et les exploits militaires de l’Oba sont parmi les chefs-d’œuvre les plus aboutis de l’Afrique impériale. Des musées européens, notamment le British Museum, conservent aujourd’hui plusieurs centaines de ces trésors historiques.

Sculpture en bronze d’un Oba, retournée au Nigéria par les Britanniques. La qualité est absolument parfaite, jusqu’aux plus petits détails, comme les chaussures ou les plis sur la tenue.

 

Felix von Luschan, expert en ethnologie, déclarait à propos des bronzes du Bénin : « Techniquement, ces œuvres représentent la plus grande réussite possible qui soit. »

La chute du royaume

Au XIXe siècle, le royaume du Bénin suscite l’avidité des Britanniques. En 1892, un traité controversé est imposé à l’Oba Ovonramwen. Lorsqu’une mission britannique est attaquée en 1897, les Anglais répliquent par une expédition militaire dévastatrice : la capitale est incendiée, le roi exilé à Calabar, et les trésors du Bénin pillés.

Depuis l’indépendance du Nigéria en 1960, les vestiges du royaume n’ont pas été suffisamment préservés, et les imposantes murailles de Bénin ne s’étendent plus que sur 11 km. Aujourd’hui, l’Oba n’a plus qu’un rôle symbolique.

Héritage et reconnaissance internationale

Le pillage des œuvres d’art du Bénin par les colons britanniques reste un sujet de controverse. Plusieurs institutions européennes commencent à restituer certains bronzes, marquant une prise de conscience quant à l’importance du patrimoine Edo. En parallèle, la reconnaissance de l’histoire du Bénin inspire de nombreux historiens et chercheurs africains qui œuvrent à sa réhabilitation.

Enfin, en 1975, l’ancienne République du Dahomey a choisi de se rebaptiser « République du Bénin », bien que ce territoire ne partage aucun lien géographique avec l’ancien royaume Edo.

Le Royaume du Bénin demeure l’un des plus grands symboles de la grandeur africaine précoloniale, témoignant du génie architectural, artistique et politique du peuple Edo.

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