La “malnommée”: Focus sur une plante aux vertus multiples

Originaire d’Afrique, la malnommée se trouve dans toutes les régions tropicales du globe. Rudérale, la malnommée pousse spontanément à basse altitude près des lieux d’habitation, le long des routes, sur les terrains vagues, les anciennes cultures et les jardins. Plante de lumière, elle préfère les terrains sableux et humides.

Description :

La malnommée, de son nom scientifique Euphorbia hirta, est une petite plante herbacée à latex blanc abondant qui, selon son exposition au soleil présente des tiges dressées ou étalées sur le sol. Les parties jeunes des tiges présentent des poils jaunâtres. Les feuilles opposées sont ovales avec les bords légèrement dentés. Elle porte de très petites fleurs caractéristique des euphorbiacées. Les fruits sont de très petites capsules jaunes, poilues, contenant des graines rose saumon à surface très rugueuse.

Propriétés pharmacologiques :

La plante a fait l’objet de nombreuses études chimiques.

Les premières ont mis en évidence la présence d’une gomme résine, de mucilages, d’une huile essentielle, d’acides organiques, ainsi que de traces d’alcaloïdes.

Plus récemment, ont été isolés des flavonoïdes ( quércétol, kaemférol, quércétine), des acides phénols, (acide caféique, acide chlorogénique), des stérols (taraxérol, friédéline, campestérol, stigmastérol, béta-sitostérol, cycloarténol).

Les feuilles et les tiges contiennent de l’acide ellagique et des composés aliphatiques.

La plante possède une activité antispasmodique sur les fibres lisses(intestins, bronches), qui a été récemment confirmée.

Des études cliniques relatives à des colopathies amibiennes, traitées par des extraits hydroalcooliques de malnommée ont montré un taux de guérison supérieur à 80%. La littérature rapporte une activité insecticide. Des essais cliniques effectués sur 150 cas de colopathies relatives à Entamoeba histolytica avec l’extrait d’ Euphorbia hirta . Les expérimentateurs obtinrent 83.34% de résultats positifs. l’activité de l’extrait de la plante a été comparable au “FLAGENTYL” dans le traitement de l’amibiose intestinale(Martin et al).

D’autres auteurs ont mis en évidence  des effets analgésiques centraux de type morphinomimétique.

L’activité galactogène est confirmée (Saqui-Sannes, 1971).

La toxicité de la plante par voie orale est négligeable.

La malnommée entre dans six préparations pharmaceutiques françaises préconisées dans certaines affections des voies respiratoires.

Historique et usages traditionnels :

Les Caraïbes  l’utilisaient pour faire disparaître les taies de la cornée en instillant dans l’œil le latex de la tige. Les pères Labat et Dutertre la conseillaient comme antidote des morsures de serpent. Cet usage s’est maintenu jusqu’à nous.

Très connue en Afrique pour soigner la dysenterie amibienne, cette plante est inscrite depuis 1985 à la pharmacopée africaine éditée par l’ OUA. Dans la Caraïbe , la malnommée a de nombreuses utilisation médicinales. Elle est conseillée comme anti-diarrhéique, anti-asthmatique, diurétique et cholagogue. elle est aussi employée contre la « grippe », la fièvre, la rougeole. Des applications répétées sont recommandées pour sécher les verrues.

A Trinidad, elle est recommandée dans les cas d’hypertension artérielle. En Afrique de l’Ouest, on lui attribue des propriétés galactogènes. a la Dominique, le décocté de la plante entière est utilisé contre la constipation. Au Surinam, elle est employée pour traiter la syphilis. Elle est utilisée en Afrique et en Australie pour traiter de nombreuses maladies: hypertension, œdèmes, diarrhées, entérites amibiennes aigues, laryngites.

 Emplois recommandés :

 Anti- amibien : Porter à ébullition 1 l d’eau contenant 30à 40g de plante fraîche ; laisser réduire de moitié et boire trois tasses/jour pendant trois jours.

Pour les enfants, écraser un pied de malnommée et laisser macérer dans 1 l d’eau. Pour un diarrhée bénigne, il suffit de manger quelques sommités de la plante en salade.

Affections des voies respiratoires : en traitement d’appoint des bronchites et de l’asthme, boire trois fois par jour un grand verre de la préparation suivante : porter à ébullition une poignée de la plante fraîche dans 1,5 litres d’eau ; ramener le volume à 1 litre. Laisser refroidir et filtrer avant utilisation.

Galactogène : Boire dans la journée un litre de la décoction à 30g/l

Contre l’asthme spasmodique et les bronchites chroniques :

Mettre une poignée de feuilles dans un litre d’eau. Faire bouillir et réduire d’un tiers ; en boire trois à quatre verres par jour.

Contre la dysenterie et les calculs biliaires et rénaux, mettez à infuser deux poignées de feuilles /litre d’eau, et buvez en tisane dans la journée.

Contre les maux de dent et de gencives, faire des bains de bouche avec la décoction de la plante.

Le latex de la plante est antiseptique et cicatrisant ; en applications répétées, il fait disparaître les verrues.

En Afrique, le mélange de la plante écrasée dans de l’huile de palmiste sert à la préparation d’un remède efficace contre les fièvres. Cette préparation aurait aussi la propriété de régulariser les règles trop abondantes.