Brice Clotaire Oligui Nguema a mis la SEEG face à ses responsabilités. Dénonçant un «système mafieux» et une incompétence flagrante, il a exigé, le 12 septembre, des changements radicaux pour mettre fin aux coupures d’électricité chroniques et aux pénuries d’eau qui paralysent le pays. Entre blâmes cinglants et ultimatums, le chef de l’État a lancé un véritable électrochoc dans le secteur énergétique gabonais, promettant des résultats rapides sous peine de sanctions.
Dans un discours sans concession prononcé le 12 septembre 2024, le président de la Transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a vivement critiqué la gestion de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et exigé des changements rapides pour mettre fin aux coupures d’électricité et aux pénuries d’eau qui affectent le pays. Face aux principaux acteurs du secteur, le chef de l’État a dressé un constat alarmant et fixé des objectifs ambitieux pour redresser la situation.
Un réquisitoire sévère contre les pratiques de la SEEG
Illustrant son allégation, il a rappelé que lorsqu’un client «se présente à la SEEG pour demander l’acquisition d’un compteur, on lui fait croire qu’il n’y a plus de compteurs et qu’il en manque. On rappelle à cette personne qu’il y a un sous-traitant qui a des compteurs. Et quand vous vous y rendez, le compteur, on vous le vend à 400 000 francs CFA.»
Le chef de l’État a également fustigé l’incapacité de la SEEG à entretenir ses installations et à régler ses fournisseurs malgré les recettes réalisées. «Malgré les recettes réalisées, la SEEG ne parvient même pas à régler ses fournisseurs. C’est honteux !», a-t-il lancé, ajoutant : «Vous collectez de l’argent sur leurs prestations et vous n’arrivez pas à les payer. Ça veut dire qu’il y a un problème. Ou vous mettez l’argent dans les poches.»
«On vous a livré 10 groupes. Depuis deux mois, on n’aurait pas vécu cette situation. 10 groupes de 2,5 mégawatts. Ça fait combien de mégawatts qu’on gagne ? Et on se plaint», a interrogé le président exprimant sa frustration quant à l’inaction de la SEEG concernant les nouveaux équipements fournis par le gouvernement. «Je suis sidéré d’entendre sur 2500 agents de la SEEG que vous n’arrivez pas à mettre ces groupes en marche depuis deux mois qu’ils sont arrivés», a-t-il déclaré, remettant en question la compétence des techniciens de l’entreprise. Oligui Ngfueme a également mentionné l’arrivée imminente d’une centrale flottante, actuellement au large des côtes gabonaises, qui devrait être raccordée dans les deux mois à venir.
Des mesures drastiques pour un redressement rapide
Face à cette situation, le président de la Transition a annoncé une série de mesures visant à redresser la SEEG. Parmi les principales décisions figure la nomination d’un administrateur provisoire, Jean Liévin Idoundou Manfoumbi, un vétéran de l’entreprise, chargé de mener à bien un plan de transformation ambitieux.
«J’attends de vous la fermeté, le courage de me briser le système et de me faire tomber les têtes», a intimé Oligui Nguema à l’administrateur provisoire, lui fixant un délai de six mois pour obtenir des résultats tangibles. Le plan de transformation comprend notamment la stabilisation de la fourniture d’électricité sur tout le territoire avant 2025, l’amélioration du bilan comptable, et la lutte contre les fraudes.
Parmi les mesures phares, le président a ordonné «la dissolution de tous les contrats des sous-traitants» à l’exception de certains fournisseurs essentiels, ainsi qu’une revue à la baisse des salaires et avantages des cadres dirigeants. «Je ne veux plus entendre des salaires de 10 millions, de 15 millions, de 20 millions. C’est fini !», a-t-il martelé.
Un appel à la responsabilité et des moyens pour réussir
Tout en exigeant des résultats rapides, Oligui Nguema a également annoncé un soutien financier conséquent pour accompagner la transformation de la SEEG. «Une enveloppe de 150 millions d’euros, soit 100 milliards de francs CFA, sera disponible dans un mois et demi», a-t-il révélé, soulignant l’importance stratégique de ce secteur pour le développement du pays.
Le chef de l’État a conclu son intervention par un appel solennel à la responsabilité de tous les acteurs. «L’essor vers la félicité que les Gabonais attendent passe par la mise à disposition d’une plus grande capacité énergétique», a-t-il déclaré, invitant chacun à considérer cet objectif comme «un intérêt supérieur de la nation».
Avec ce discours musclé et ces mesures radicales, le président de la Transition gabonaise entend manifestement marquer un tournant dans la gestion du secteur énergétique du pays. L’avenir dira si cette approche permettra effectivement de sortir le Gabon du cycle infernal des coupures d’électricité et pénuries d’eau potable qui mine son développement depuis trop longtemps.