Dans un entretien accordé à l’AFP & GROGNE D’AFRIQUE, Mohamed Bazoum met l’accent sur la démographie, l’éducation des jeunes filles et la sécurité.

Avec 7,6 enfants par femme, le Niger, un des pays les plus pauvres du monde, détient le record planétaire de fécondité. Le taux de croissance annuel de la population est de 3,9 % par an (record mondial aussi). À ce rythme, la population passera de 23 millions aujourd’hui à 70 millions en 2050 si rien ne change. Dans un tel contexte, les questions liées à la famille sont prioritaires à côté de celles liées à l’insécurité imposée par les djihadistes. Voilà qui explique sans doute que, dans l’entretien accordé à l’AFP & GROGNE D’AFRIQUE, le favori de la présidentielle et candidat du parti de Mahamadou issoufou ait abordé la question de front.

Démographie, famille, éducation des filles : des dossiers importants

« Quels que soient les efforts réalisés (sur le plan économique et social), malheureusement, la croissance (économique) est obérée par la forte croissance démographique », analyse Mohamed Bazoum. « Nous allons porter l’accent sur l’éducation » des jeunes filles pour « les retenir le plus longtemps possible à l’école », assure le candidat. « Elles sont données en mariage à l’âge de 13 ou 14 ans », dès la fin de l’école primaire, faute de pouvoir aller au collège, « et elles commencent à se reproduire. Ma recette, c’est de créer des internats dans les collèges ruraux. En restant en classe jusqu’en troisième, on leur évitera deux ou trois couches. Et si elles peuvent poursuivre, tant mieux. Je mettrai toute mon énergie » pour appliquer cette mesure, promet Mohamed Bazoum. « On leur donne le niveau d’instruction qui leur permet de contrôler leur corps. Nous allons réduire le taux de fécondité. Sur 10 ans, on aura des résultats », espère-t-il.

De nombreux observateurs estiment qu’il est difficile de « changer les mentalités », et dans certaines zones du pays, des musulmans rigoristes se montrent hostiles à l’éducation des femmes, mais M. Bazoum est persuadé que la majorité des Nigériens vont adhérer. « J’ai rencontré des oulémas et chefs traditionnels qui sont impliqués dans ce combat sur la démographie. Ne croyez pas qu’il y ait une position doctrinaire des communautés sur ces questions. Ce que veulent les parents, c’est que les filles réussissent », assure M. Bazoum.

Lutter contre l’insécurité et ramener les déplacés chez eux

Autre problème majeur du Niger, l’insécurité liée aux groupes djihadistes sahéliens à l’ouest et à Boko Haram à l’est. Ceux-ci sont responsables de centaines de morts depuis 2010 et du déplacement de centaines de milliers de personnes (300 000 réfugiés et déplacés dans l’est, 160 000 dans l’ouest). « 17 % de notre budget est consacré à la sécurité », rappelle M. Bazoum qui estime que les djihadistes sont liés à des « groupes exogènes » du Mali pour l’ouest et du Nigeria pour l’est, même s’il reconnaît qu’il y a « des jeunes Nigériens dans l’État islamique au Grand Sahara ». Pour lutter contre les djihadistes, il préconise une augmentation des forces de sécurité intérieure avec notamment l’intégration dans la garde nationale de jeunes des régions touchées.

500 jeunes de la région de Diffa ont été recrutés et formés pendant 9 mois et vont être déployés dans l’Est dans les jours qui viennent. 500 autres jeunes de la région de Tillabéri suivront un parcours similaire dans les prochains mois. L’objectif est qu’ils apportent des renseignements aux militaires mais aussi que les populations ne soient pas hostiles aux troupes, souvent perçues comme des forces étrangères. « Mon pari à moi, c’est qu’au dernier trimestre 2021, je ramène toutes les populations déplacées (dans l’Est) dans leurs villages et que nous en terminions avec cette situation qui dure depuis sept ans », promet-il.

La réplique au doute sur ses origines

Mohamed Bazoum a aussi évoqué le débat sur son appartenance ethnique lancé par des adversaires politiques lors de la campagne présidentielle. « Je suis Nigérien et je suis Arabe, les deux ! Je ne pense pas que cela ait rapporté quoi que ce soit à mes pourfendeurs. Cela a renvoyé d’eux une image honteuse d’individus versant dans des arguments racistes. » « Nous allons faire une grande révolution en Afrique, comme cela s’est passé aux USA (élection d’Obama, NDLR). Nous pouvons porter au pouvoir quelqu’un qui relève d’une communauté minoritaire ! » lance-t-il.

HOTEL EL DORIA LOME | CONTACTS : +228 91 60 60 60 / +228 22 27 45 36

GROGNE D’AFRIQUE EDITION SPECIALE TOGO JANVIER 2023

HOTEL EL DORIA LOME | CONTACTS: +228 91 60 60 60 / +228 22 27 45 36

Hôtel Golden Tulip

GROGNE D’AFRIQUE EDITION SPECIALE

IOKA HOTEL & SUITES| CONTACTS: +228 22 26 92 88

HOTEL HILTON YAOUNDE | CONTACTS : +237 2 22 23 36 46

GROGNE D’AFRIQUE EDITION SPECIALE

Presse 1026