Le renforcement musculaire contribue à stabiliser les rouages du corps. La pratique doit toutefois être encadrée pour éviter mauvais gestes et blessures. À première vue, les deux ne font pas bon ménage.
La musculation met en danger nos articulations quand on la pratique de manière intense et débridée sur les machines qui s’alignent sur les tapis de la salle de sport. Cela exerce une forte pression qui peut engendrer des entorses, des blessures aux genoux ou aux épaules. Et c’est encore pire si, novice, l’on s’y essaie à domicile. « Surtout pas seul devant un tuto Youtube, au risque de se blesser », avertit le kinésithérapeute David Guedin, membre du comité scientifique de Kiné France prévention.
Mais tout change si on sait la pratiquer. C’est-à-dire sous l’encadrement d’un coach sportif, d’un kiné ou d’un enseignant en activité physique adaptée, essentiel pour les premiers pas, et au-delà. Les haltères et les machines des salles peuvent être alors un bon moyen de mobiliser l’ensemble du corps et ses 300 articulations. « On peut également travailler son renforcement musculaire chez soi, à poids de corps, sans accessoires. J’irai même plus loin : marcher, courir ou nager, c’est déjà se muscler », souligne Claude Labanère, médecin du sport à la clinique du sport de Mérignac (Gironde).
Quels sont les points les plus favorables ? « L’activité musculaire favorise la densification minérale-osseuse. Elle contribue à la solidité du squelette et rend la base des articulations plus résistante », poursuit le spécialiste. La musculation permet en outre de préserver la dégradation articulaire, signe de l’arthrose. Une étude internationale de 2021 menée par 12 chercheurs européens et saoudiens a ainsi démontré, a contrario, qu’une force amoindrie favorise l’apparition d’arthrose.
Prévention des risques
« Il est important, pour stabiliser et protéger les articulations, de renforcer les muscles qui les entourent », ajoute François Rannou, chef du service de médecine physique et réadaptation à l’hôpital Cochin, à Paris. « Combiné à l’activité physique, le renforcement musculaire a un effet supérieur aux anti-inflammatoires, mais sans les effets secondaires négatifs », pointe le professeur. Par ailleurs, la personne qui fait de la musculation brûle de la graisse, ce qui est toujours bon à prendre. « Une perte de poids de 1 % réduit le risque d’arthroplastie de 2 % et le risque de pose de prothèse de hanche de 3 % », indique Claude Labanère.
Les bienfaits de la musculation s’observent à tous les âges de la vie. Chez les jeunes sportifs, elle prévient les risques traumatiques tels qu’une entorse de cheville ou de genou chez un footballeur ou un basketteur, ou encore une luxation d’épaule chez un rugbyman ou un judoka. Quant aux personnes âgées, celles qui exercent leurs quadriceps et pratiquent des exercices d’équilibre voient se réduire le risque de chute. La sarcopénie, c’est-à-dire la fonte musculaire inéluctable lorsque l’on avance en âge (elle débute tôt, autour de la trentaine) peut être combattue par des exercices de musculation adaptés aux éventuelles difficultés et à la forme physique du senior.
Enfin, la musculation entretient le système ligamentaire en empêchant les rétractions dues à l’immobilité. Car, à l’ère du tout virtuel où nous passons un temps excessif à consulter, penchés, nos portables, le corps, penché vers l’avant, perd du tonus. Le renforcement des muscles posturaux, comme le fessier et le bas du dos s’avère ainsi profitable à tous. « Quel que soit le besoin, l’idéal est de débuter sur prescription médicale, sous la supervision d’un kiné, qui délivrera ensuite un autoprogramme »,conclut François Rannou.
Antidouleur
Se muscler pour avoir moins mal, cela fonctionne pour une bonne partie des arthrosés, selon quelques études consacrées au sujet. Par exemple, des travaux d’universitaires américains publiés en 2020 ont conclu que la musculation diminuait la douleur et améliorait la fonction physique dans l’arthrose du genou. D’autres chercheurs ont observé que des employés de bureau, pratiquant chaque jour, pendant dix minutes sur leur lieu de travail une séance de haute intensité aux épaules et au cou, constatent un soulagement de leurs douleurs cervicales et d’épaules. De là à organiser des concours de pompes ou de bras de fer entre collègues…