Passé maître dans l’art du braquage des caisses publiques, le sulfureux ancien ministre des Infrastructures du Tchad sous Mahamat Idriss Déby Itno, Adoum Younousmi est en passe de devenir le nouveau directeur général de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique, après avoir usé de passe-droit pour une opération de pillage en bande organisé des fonds publics du Tchad en toute impunité.

Enquête…

Adoum Younousmi en sait certainement un max sur l’escalade, mais son expertise en alpinisme se limite à l’escalade des remparts mis en place par l’Etat tchadien pour protéger la fortune publique, des prévaricateurs de son espèce. Comment un homme corrompu, pilleur des caisses de l’État pour satisfaire sa folie des grandeurs, peut-il prétendre exporter sa science du vol, dans les instances internationales après avoir siphonné l’Etat tchadien de dizaines de milliards de FCFA. De fait, il n’est pas jusqu’aux plus hauts dirigeants de la Communauté économique de l’Afrique qui ne s’émeuvent de la candidature de l’ancien ministre tchadien des Infrastructures au poste de directeur général de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique (ASECNA) dont l’élection a lieu le 27 septembre prochain à Dakar au Sénégal.

Pourtant, ce prédateur financier, autrefois à la tête d’un département ministériel sensible et décisif pour le développement et la modernisation du Tchad, a fait preuve de comportements hautement condamnables, allant de l’arrogance à l’impunité, en passant par le népotisme et le détournement manifeste et sans vergogne des fonds publics, se bâtissant au passage, avec une dextérité architecturale , une réputation de brigand. Par ses actions, cet homme en qui les autorités tchadiennes avaient placé de bonne foi leur confiance, a plongé le Tchad dans une situation de précarité à nulle autre pareille, alors même que le pays avait provisionné des dizaines de milliards de FCFA pour sortir de sa situation de délabrement en infrastructures.

Prédation à outrance

Les conséquences désastreuses de ses actes de prédation impactent aujourd’hui la sécurité et le bien-être des villes du pays ; des chantiers inachevés et des routes mal ou pas construites du tout. Celles qui l’ont été continuent à ce jour d’occasionner des accidents mortels. L’image d’un serviteur de l’Etat prodigieusement et frauduleusement enrichi s’est imposée et été répandue à toute la CEMAC au point où des divergences sont nées lors de la présentation de ce candidat aux chefs d’Etat de la zone CEMAC. Toute chose qui a scellé la victoire de l’intégrité, de la morale publique et de l’efficacité face à la corruption. «Lorsque le chef de l’Etat congolais, Denis SASSOU NGUESSO, a eu vent de la candidature de cet homme pour le poste de directeur général de l’ASECNA, il a dit que la CEMAC doit présenter un candidat intègre et dont la probité ne souffre d’aucune contestation ; ce poste ne doit pas être occupé et par des personnes soupçonnées d’avoir détourné des fonds publics ou piller les caisses de leur Etat », explique un membre du cabinet présidentiel congolais.

Pour démontrer les crimes, dont on l’accuse, une panoplie de faits vient étayer son immense activité qui a consisté à détourner des sommes immenses, soutirer aux honnêtes gens des sommes inconsidérées, et de s’être ainsi adonné, sous couvert de prête-noms, au pillage des coffres de l’Etat que sa charge l’obligeait pourtant à protéger.

Demeures trop brillantes

Le produit de ses rapines lui a servi à assouvir sa passion pour les constructions fastueuses, à rassasier son goût pour un luxe insolent et ostentatoire qui s’étale avec tant d’indécence et d’impudence de Paris à Niamey en passant par Yaoundé, Dakar ou encore Abidjan. Tout cet argent volé lui a permis d’étaler sa folie immobilière, de s’enrichir, de faire prospérer un patrimoine chétif et rachitique avant son arrivée au ministère des Infrastructures et qui comprend aujourd’hui des seigneuries opulentes, des maisons brillantes et des charges importantes.

Ainsi, Adoum Younousmi a investi partout dans le monde entier sauf au Tchad. En France, Adoum Younousmi possède un hôtel particulier dans le 8ème arrondissement de Paris sur la rue Faubourg Saint Antoine, à 150 mètres de l’Elysée pour une valeur de 120 mille d’euros, soit 78 600 000 FCFA. De plus, dans le quartier Pey-Berland à Bordeaux, il y compte quatre maisons pavillonnaires ; 06 appartements au quartier Bacalan au nord de la ville éponyme d’une valeur estimée : 7,650 millions d’euros soit 501 075 000 F CFA.

En Afrique, Younousmi possède plus de 200 villas à Niamey au Niger, pays de son épouse. Elles sont gérées par son épouse et ses gendres. Il possède également une compagnie de transport basée à Niamey, la capitale du Niger. Au Mali, sa folie des grandeurs l’a conduit à des investissements compulsifs dans l’immobilier. Plus de 100 villas à Bamako et une grande entreprise de Transport qui a le monopole de transport urbain et interurbain au Mali.

Affront contre la morale publique

Pour s’enrichir avec une telle boulimie, Younousmi, amasseur compulsif devant l’éternel, avait mis en place un stratagème retors qui prenait tous ceux qui avaient besoin des contrats dans le BTP ou la construction de routes. « Il ne laissait jamais personne gagner un marché sans lui prélever 10%, quelle que soit la clarté du dossier ; et le plus souvent, les prix et les qualités étaient négociés d’avance par lui en personne. Il fallait déposer l’argent dans une banque à l’étranger dont lui-même vous indiquait l’adresse avant qu’il signe la notification de démarrage des travaux », témoigne un chef d’entreprise français, victime des pratiques de criminelles de cet homme dont le fruit des rapines n’a servi qu’à entretenir sa boulimie compulsive.

C’est pourquoi, le chef de l’Etat congolais n’a jamais souhaité que cet homme soit voté à la place du candidat gabonais qui présente le meilleur profil. Un candidat soutenu par le Cameroun, locomotive de la CEMAC et qui a également les faveurs des votes de plusieurs autres Etats selon des indiscrétions puisées à bonne source dans nombre d’administration des transports de la CEMAC et de la CEDEAO.

Justice tchadienne aux aguets

C’est d’ailleurs pour marquer son soutien à la candidature du Gabon que le Congo a retiré celle de son poulain à ce poste stratégique pour la sécurité de la navigation aérienne sur le continent. Nul doute que l’on se dirige vers des crashs en série en matière de gestion de la sécurité aérienne en Afrique avec cet homme qui signe le triomphe de l’impunité, la victoire de l’immoralité et du manque d’intégrité dans un continent où de plus en plus de figures emblématiques s’illustrent par une trajectoire intègre qui force le respect.

En attendant, Adoum Younousmi est poursuivi pour enrichissement illicite, abus des biens sociaux et prise illégale d’intérêts au Tchad. Pour se couvrir de ses crimes, il use et abuse du manteau de la famille présidentielle. Un peu à la manière de Jean Bernard Padaré, ancien ministre de l’Aménagement du Territoire, qui avait trouvé asile en France après s’être livré à des activités de pillage des caisses de l’Etat. Ce dernier est en négociation avec l’entourage du président de la République afin que les poursuites contre lui soient abandonnées.

Prosper AKPOVI     

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