Les Murailles de Benin City : Une Merveille Architecturale Ancienne

L’histoire du continent africain regorge de réalisations architecturales et d’ingénierie impressionnantes, souvent méconnues du grand public. Parmi elles, les murailles de Benin City, situées dans l’actuelle région d’Edo au Nigeria, figurent parmi les plus grandes structures construites avant l’ère mécanique. Témoignant du génie architectural et de la maîtrise technologique du Royaume du Bénin, ces fortifications exceptionnelles ont protégé la ville pendant des siècles et illustrent l’ingéniosité du peuple Edo. Malgré leur destruction partielle à la fin du XIXe siècle, elles demeurent un symbole de la grandeur passée de cette civilisation et méritent une reconnaissance mondiale.

Une Structure Monumentale Avant l’Ère Mécanique

Les murailles de Benin City, situées dans l’actuelle région d’Edo au Nigeria, constituent l’un des plus grands ouvrages de terrassement réalisés avant l’ère mécanique. Décrites dans l’édition de 1974 du Livre Guinness des Records comme « les plus grands travaux de terrassement au monde avant l’ère mécanique », ces murailles témoignent de l’ingéniosité et de l’avancée technologique du Royaume du Bénin entre le VIIIe et le XVe siècle.

Une Ingénierie Impressionnante

Les murs du Bénin étaient constitués d’un ensemble de terrassements comprenant des berges et des fossés appelés « Iya » en langue Edo. Ils s’étendaient sur environ 15 kilomètres autour de la ville et sur près de 16 000 kilomètres dans les zones rurales environnantes. Selon Fred Pearce, dans un article du New Scientist (11 septembre 1999), ces murs étaient quatre fois plus longs que la Grande Muraille de Chine et consommaient cent fois plus de matériaux que la Grande Pyramide de Khéops. Leur construction aurait nécessité environ 150 millions d’heures de travail, ce qui en fait un des plus grands phénomènes archéologiques de la planète.

Hypothèses sur leur Origine

La date exacte de la construction de ces murailles reste incertaine, donnant lieu à plusieurs hypothèses historiques. Graham Connah estime que leur édification aurait eu lieu entre le XIIIe et le milieu du XVe siècle, tandis que Patrick Darling suggère qu’une partie de ces structures dans la région d’Esan aurait pu être construite dès le premier millénaire de notre ère.

Un Chef-d’Œuvre de Planification Urbaine

Benin City était l’une des villes les plus avancées d’Afrique de l’Ouest, avec une planification rigoureuse et un éclairage public primitif grâce à de grandes lampes métalliques. En 1691, le capitaine naval portugais Lourenço Pinto écrivait : « Le Grand Bénin, où réside le roi, est plus grand que Lisbonne. Les routes sont droites et se profilent à l’horizon. Les maisons sont immenses, surtout celle du roi, qui est richement décorée et possède de belles colonnes. »

Olfert Dapper, un voyageur néerlandais du XVIIe siècle, décrivait également Benin City comme une ville au design sophistiqué, où les maisons étaient construites selon des règles minutieuses de symétrie et de proportionnalité. L’ethnomathématicien Ron Eglash a démontré que la ville avait été conçue selon un modèle fractal, une avancée architecturale et mathématique que les Européens de l’époque ne comprenaient pas encore.

La Destruction d’un Patrimoine

Malheureusement, cette merveille architecturale a été ravagée en 1897 lors de l’expédition punitive britannique. Les murailles furent détruites, la ville pillée et incendiée. De nombreux artefacts, notamment les célèbres bronzes du Bénin, furent emportés en Europe, dispersant ainsi un pan entier du patrimoine culturel africain.

Aujourd’hui, seuls quelques vestiges subsistent à Edo, souvent utilisés pour des constructions modernes. La maison du chef Enogie Aikoriogie, connue sous le nom de maison à Obasagbon, conserve encore des décorations sculptées rappelant l’architecture béninoise ancienne.

Préserver la Mémoire des Murailles de Benin City

La mémoire des murailles de Benin City ne doit pas disparaître. Ce chef-d’œuvre de génie civil et de planification urbaine mérite d’être reconnu à sa juste valeur et protégé. L’histoire de ces structures monumentales doit être partagée pour rappeler la grandeur du Royaume du Bénin et la sophistication de ses bâtisseurs.

Valoriser ce patrimoine, c’est aussi honorer l’héritage de toute une civilisation et s’assurer que les générations futures puissent en apprendre davantage sur l’une des plus grandes réalisations architecturales du monde préindustriel.